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Pois, avoine et ? : le méteil

 

 

Le méteil

Les mélanges de céréales et de protéagineux, d'ordinaire confinés à l'agriculture biologique, séduisent désormais de plus en plus d'éleveurs. Semées à l'automne et récoltées en ensilage au mois de juin, ces associations — également appelées méteil — ne manquent en effet pas d'atouts. Dans de nombreuses régions, récolter plus tôt permet de s'affranchir du risque de sécheresse estivale. « Cette année aussi, le méteil constitue un bon moyen de sécuriser ses stocks fourragers face à la météo capricieuse qui a pénalisé la récolte des foins », indiquent les techniciens. Le méteil a aussi l'avantage d'un coût de revient faible (entre 6 et 21 €/tMS selon les mélanges) et de ramener de la fibrosité et de l'azote dans les rations à base de maïs ensilage. « Même sur les petites terres qui sèchent vite, on peut produire en moyenne 9 à 11 tonnes de matière sèche par hectare, indique Antoine Herman de la chambre d'agriculture du Calvados.

Cela dit, malgré l'intérêt croissant pour ce type de culture, les références techniques restent encore limitées. Notamment quant au choix des espèces à associer. Depuis deux ans, un réseau national d'expérimentation, financé par l'Adar et piloté par l'Unip(1) et l'Inra, s'est mis en place. Les sites d'essais pour une valorisation en ensilage se localisent dans le Calvados, la Vienne, les Vosges, et les Deux-Sèvres.

Le triticale sert de tuteur

Dans la pratique, l'association comporte deux à six espèces, dont au moins une céréale et un protéagineux. Mais il n'y a pas vraiment de mélange type. « Toute la difficulté porte sur la composition finale du mélange réalisé. Une année ne fait pas l'autre, souligne Thierry Métivier, de la chambre d'agriculture du Calvados. En fonction de la météo, du choix de l'association et des doses de semis, certaines espèces peuvent étouffer les autres. » La maîtrise la verse n'apparaît pas non plus toujours évidente. L'objectif est de trouver le meilleur compromis possible pour viser un maximum de protéagineux à la récolte qui assure la teneur en azote du fourrage, tout en limitant la verse.

Les mélanges simples associant deux à quatre espèces sont à privilégier. Pour le choix de la céréale, on recherche avant tout une céréale dont le cycle de développement se rapproche de celui du protéagineux associé. « La résistance à la verse est aussi primordiale car la céréale sert de tuteur aux légumineuses.» Plus rustique que le blé ou l'orge, le triticale constitue généralement la céréale de base du mélange. « Nous préconisons de viser les 220 pieds par m2 pour la céréale dans les associations binaires. Avec la variété utilisée dans l'essai normand (Kortego), la densité de semis s'élevait à 110 kg par hectare, avance Thierry Métivier. Mais attention, pour une même espèce, selon les variétés utilisées, le poids de 1 000 grains peut fortement varier. D'où l'intérêt de faire son propre calcul en fonction des variétés choisies(2). »

Pois fourrager et vesce

De son côté, l'avoine se montre moins résistante à la verse, mais son fort pouvoir couvrant est intéressant pour limiter le salissement au démarrage de la culture. « En 2006, nous avions observé un impact négatif de l'avoine sur le développement des protéagineux, mais celui-ci ne se retrouve pas cette année. » Par contre, les mélanges binaires comportant de l'avoine ont vu leurs rendements légèrement pénalisés sur l'ensemble du réseau national. « Cela dit, si l'avoine est à éviter comme céréale unique dans le mélange, il semble quand même bon d'en apporter un peu à hauteur de 20 à 30 kg/ha par exemple. »

Pour limiter le risque de verse, il ne faut pas non plus dépasser une certaine proportion de protéagineux. « Mieux vaut se limiter à 30 kg de pois fourrager. » Ce dernier a l'avantage de ne pas s'égrainer à la récolte (courant juin) ; il s'avère plus foisonnant que le pois protéagineux mais a tendance à se coucher un peu. La vesce aussi se montre bien adaptée dans les mélanges et permet de diversifier les cultures. C'est une plante grimpante qui reste verte et apporte une certaine souplesse au niveau du stade de récolte.

Pas de désherbage

Le désherbage se révèle inutile du fait du caractère étouffant du mélange. La fertilisation azotée n'est pas non plus indispensable. Dans le Calvados, par exemple, l'apport de 55 unités d'azote minéral a généré 15 % de rendement supplémentaire. « Cette année, nous avons souhaité tester un mélange triticale-pois-vesce, particulièrement riche en protéagineux (110 kg/ha, 35 kg/ha, et 15 kg/ha). Cette association ressort dans nos essais, avec un rendement de 7,4 à 9,3 tMS (sans fertilisation) et une valeur MAT de 14,5 à 17,3 %, relève le technicien. La proportion de protéagineux dépassait 60 % à la récolte. Par contre, nous avons observé une forte verse suite aux intempéries de mai et juin. » Bons résultats aussi pour le mélange triticale-pois, qui affiche un rendement de 9 à 10 t MS/ha sur l'ensemble des sites nationaux conduits sans apport d'azote, en bio comme en conventionnel.

Enfin, le stade de récolte reste le point sensible de ces mélanges. La plage de récolte s'étale sur une dizaine de jours seulement. La maturité des céréales se trouve plus avancée que celle des légumineuses (avec généralement près de 10 points de matière sèche d'écart). Il faut donc se fier au stade de la céréale pour fixer la date de récolte, et plutôt viser le stade pâteux de la céréale pour obtenir un ensilage à 30 % de matière sèche. « Ce point n'apparaît pas encore complètement maîtrisé ; les mélanges récoltés se situent plutôt entre 20 et 35 %. » Un essai a par ailleurs été mené par Arvalis à la station de la Jaillière en 2007 pour déterminer le stade optimal de récolte. Les résultats sont attendus.


(1) Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines
(2) Densité de semis (kg/ha) = (nb grains/m2 X poids de 1000 grains)/100

À savoir, sur le plan réglementaire

Les mélanges qui contiennent de la vesce ne sont pas éligibles au recouplage à 25 % de la prime à l'hectare de culture. En revanche, ceux associant une ou plusieurs céréales avec du pois ou de la féverole le sont. Toutefois, cette règle peut différer, selon l'interprétation des départements. Le complément protéagineux de cette prime n'est pas possible pour les méteils.
Le méteil est un mélange de céréales. Pour l'alimentation humaine il s'agit traditionnellemnt d'un mélange de blé et seigle. Pour l'alimentation des animaux, il est produit par la culture en association de plusieurs céréales telles que le blé, l'orge, l'avoine avec d'autres espèces comme le pois fourrager, la vesce,...


02/01/2010
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